Chez Cédric Darbord la passion de témoigner du monde engendre des images saisies et restituées sous le règne de la patience. Aux limites de l’étonnement et du songe, il est bien là notre monde, effervescent, calme ou pathétique. L’artiste crée chez le spectateur un moment rare. Celui où on redécouvre la lumière et son temps.

Peu à peu, quel que soit le sujet, métropole nocturne ou élaboration abstraite, star du sport ou managers pensifs, la force des instants redevient essentielle. Rien n’est plus donné d’avance. Il faut, et c’est la réussite singulière de ce photographe, revisiter les couleurs et les lieux. Tout ce que l’incessant torrent de clichés quotidien mélange ou appauvrit ressort comme indemne dans ces images. Chacun a presque envie de silence pour entrer dans ces mondes fascinants.

Rien de factuel dans ce travail. La rigueur des cadrages, la justesse des tons, les contrastes savants apportent une dimension qui épouse totalement notre société post industrielle. Là où d’autres illustrent l’écume des jours, Cédric Darbord réinstalle sans complaisance ni heurt, la merveilleuse grandeur des évidences.

La course des hémisphères, leurs labyrinthes suscitent beaucoup d’images. Celles qui peinent à copier la peinture sans jamais obtenir son impact crucial. Cédric Darbord réalise des photographies, où, étymologie oblige, il s’agit d’«écrire la lumière». Pas uniquement celle qui surgit à chaque aube de notre terre, mais celle aussi qui demeure au secret de chaque être. Ainsi peut-on parler d’une pratique de la photographie d’un artiste qui prend des risques.

La question que pose Cédric Darbord est simple. Et si la fraternité pouvait redimensionner le monde? On sort toujours de ces photographies à regret et très souvent plus serein. Il y a dans ces images de quoi appréhender le réel et la conscience du réel dans sa magnificence.